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Том 4. Письма 1820-1849


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Ах, что же делать?.. Прощай, милая кисанька. Я вижу, что ты не хочешь отвечать мне, а писание писем меня раздражает.

Весь твой и только твой.

Ф. Т.

Тютчевой Эрн. Ф., 17/29 августа 1847

143. Эрн. Ф. ТЮТЧЕВОЙ 17/29 августа 1847 г. Франкфурт-на-Майне

Francfort s/M. Ce 17/29 août 1847

Je reçois à l’instant même ta lettre du 1/13 de ce mois de Hapsal et conformément à tes indications je t’adresse la mienne à St-Pétersbourg où, j’espère, qu’elle te trouvera déjà arrivée saine et sauve. Ton avant-dernière lettre m’a été remise par mon frère que j’ai trouvé ici, arrivé de la Vienne il y a huit jours de cela, au retour d’une excursion que j’ai faite à Ems et sur les bords du Rhin. Je suis encore sous le coup du détestable malentendu qui m’a fait manquer l’entrevue avec ton frère, chose dont je ne puis me consoler et que même à présent je ne puis me résigner à accepter comme définitive. Tu sais que j’avais écrit à ton frère de Bade le 20 juillet, et j’ai attendu une réponse à cette lettre jusqu’au 11 août à Francfort et jusqu’au 18 à Ems, après avoir donné les ordres nécessaires pour que sa lettre m’y fut transmise. N’en ayant eu de nouvelles à la date du 18 août, c’est-à-dire tout un mois après la lettre que je lui avais écrite, j’ai dû penser ou que ma lettre ne lui était pas parvenue, ou qu’il avait déjà quitté Ostende. Je me résignais donc à revenir à Francfort après avoir flâner trois ou quatre jours sur les bords du Rhin, et ce n’est qu’à mon retour ici que j’ai reçu une lettre de ton frère, toute bonne et toute aimable, mais beaucoup trop tardive et qui m’est parvenue juste à point pour irriter tous mes regrets. Peste soit des contretemps et des malentendus. Maintenant, pour avoir le dernier mot dans cette contrariété, je serais homme à aller encore d’ici à Ostende, si deux considérations ne m’arrêtaient — le manque de temps et la crainte d’un autre manque, plus essentiel encore, celui de l’argent…

Mon frère m’a fait grand plaisir en m’apprenant qu’il t’avait remis la somme de 1500 r<oubles> ar<gent>, toutefois je ne regrette nullement de t’en avoir expédié d’ici. Tu ne saurais être assez hantée d’argent au moment de ta rentrée à Pétersb<ourg>. Quant à moi, j’ai encore par-devers moi 150 ducats, pour défrayer mon retour. Peut-être par surcroît de précaution me ferai-je avancer p<ar> Rotschild mes appointements des derniers mois, sauf à ne pas y toucher, si c’est possible.

Quant à ce retour, voici l’itinéraire que j’ai adopté. Et d’abord un mot de ta voiture. Après mûr examen nous avons reconnu, mon frère et moi, que le transport de la voiture par la voie de fer jusqu’à Stettin et de là par le bateau à vapeur à Kronstadt reviendrait énormément cher (sur le chemin de fer, p<ar> ex<emple>, une voiture comme la tienne paye 1/2 écu de Prusse par mille d’Allemagne, sans qu’il fut permis au propriétaire de s’y placer). C’est pourquoi nous nous sommes décidés à expédier la dite voiture par la voie du Rhin, jusqu’à Rotterdam où elle sera embarquée sur un bâtiment marchand, de sorte que son transport, effectué par cette voie, reviendra tout au plus à une centaine de florins, tandis qu’il aurait coûté le triple, en emmenant la voiture avec moi. Quant à moi, je suis décidé à rentrer par Varsovie, où je trouverai une voiture du Comte Orloff qu’il a mis à ma disposition avec toute sorte d’instance de m’en servir, de préférence à tout autre moyen de transport. L’itinéraire en question a le grand avantage de me faire faire presque la moitié du voyage par le chemin de fer, attendu que je vais le prendre à 40 lieues de Francfort et qu’il me conduit, sauf une lacune, jusqu’à Varsovie même. Cela me fait échapper aussi ici l’inconvénient d’une traversée de mer aux approches de l’équinoxe. Eh bien, que dis-tu de cet arrangement. N’est-il pas très pratique et très bien imaginé. Mais ne vas pas t’effrayer de l’idée que par cette voie je te reviendrai plutôt que tu ne le voudrais, car j’ai encore Weimar sur les bras, et Dieu sait si j’en serai quitte à moins d’une dizaine de jours. Tu as à peu près deviné le projet auquel je faisais allusion dans une de mes lettres, sauf seulement que ce n’est pas auprès de la Grande-Duchesse M<arie> est que je voudrais pouvoir placer Anna, mais aussi de sa future belle-sœur, la future G<rande>-Duchesse Constantin, et c’est doit assurer quelque chance de succès à ce projet, par l’entremise de la Grande-Duchesse de Weimar que je me trouve dans le cas de devoir m’arrêter à Weimar plus longtemps probablement que cela ne m’amusera. J’aime à croire que dans cette circonstance au moins Clotilde cherchera un peu à utiliser pour la nièce l’affection qu’elle prétend lui porter. Je t’avoue que la réussite de cette affaire me comblerait de joie, ce serait un bien lourd fardeau qui me serait ôter de dessus le cœur, un fardeau qui m’écrase et m’irrite… plus que je ne veux le dire…

Quand tu verras le P<rin>ce Wiasemsky, dis-lui que j’ai passé de bien bons moments avec Joukoffsky à Ems d’abord où nous avons passé six jours ensemble à lire son Odyssée et à parler de toute chose au monde, du matin au soir…

Ce sera vraiment une grande et belle œuvre que son Odyssée et je lui ai dû d’avoir retrouver en moi la faculté assoupie depuis bien longtemps, celle de m’associer pleinement et franchement à une jouissance purement littéraire. Aussi a-t-il paru très satisfait de la sympathie que son œuvre m’a fait éprouver — et il avait raison, car c’était sympathie sans phrases. J’en ai aussi beaucoup pour sa femme, une noble et douce créature, descendue tout exprès vers lui de quelque bon tableau de la vieille école allemande. J’avoue que ce genre, à la longue, m’affadirait un peu. Mais dans de certains moments j’en aime assez la paisible et candide suavité. Cela me repose de moi-même et de beaucoup d’autres…

Hier, le 28 août, Joukoffsky et moi, nous avons dîné ensemble à l’hôtel de Russie. C’était hier le 98 anniversaire de la naissance d’un assez célèbre bourgeois de Francfort, de Goethe. Mais je crois vraiment que nous avons été les deux seuls individus à Francfort qui ayons eu la bonhomie de nous être rappelé cet illustre anniversaire. Aujourd’hui J<oukoffsky> est à Darmstadt où il assiste aux noces de G. Gagarine qui épouse aujourd’hui même la plus moricaude jeune personne que j’aie jamais vue.

Ici nous avons été tous ces jours-ci complètement absorbés par l’horrible tragédie du Duc de Praslin, arrivée, comme tu as pu le voir dans les journaux, à dix pas de l’hôtel que tu as habité avec ton père. Peut-être même connais-tu la maison qui a été le théâtre de cet atroce événement. J’en ai eu les nerfs agacés pendant plusieurs jours, et ce n’est que depuis hier où nous avons eu la nouvelle de la mort de ce malheureux assassin qu’ils commencent un peu à se détendre… Quel réveil que celui de cette pauvre Duchesse dans la fatale nuit du 18, sous le premier coup du stylet de son affreux mari. Eh bien, n’es-tu pas trop heureuse d’être protégée toute une pareille éventualité par 400 lieues de distance?

Mais toutes les femmes ne sont pas aussi bien protégées comme toi, et je comprends fort bien, p<ar> ex<emple>, que notre bonne Princesse W<iasemsky> n’ait pas pu lire le récit de cette tragique aventure sans se livrer à de bien tristes préoccupations sur les chances possibles de son propre avenir.

Adieu, en attendant, ma chatte chérie. Maintenant la prochaine lettre que je t’écrirai sera datée de Weimar. Tu es bien bonne de me recommander d’apporter des cadeaux à la Capello. Tu comprends que si j’ai de l’argent disponible il n’y aura de cadeaux achetés que pour toi seule. Si seulement quelque ami charitable voulait me dire que c’est l’objet qui pourrait te faire plaisir… Oh, il est cruel d’être aussi inepte que je le suis.

Mon frère qui revient en ce moment de Wiesbaden te fait dire mille amitiés. Il a été très satisfait de ton accueil. Adieu. J’embrasse les enfants. Que le bon Dieu vous protège et vous conserve. Tout à toi T. T.

Перевод

Франкфурт-на-Майне. 17/29 августа 1847

Я только что получил твое письмо из Гапсаля от 1/13 сего месяца и согласно твоему указанию посылаю тебе свое в С.-Петербург, где, надеюсь, оно застанет тебя здоровой и невредимой.

Предыдущее твое письмо было передано мне моим братом, который приехал за день до того — неделю тому назад, по возвращении моем из поездки в Эмс и по берегу Рейна.

Я все еще нахожусь под впечатлением несносного недоразумения, благодаря которому мы разминулись с твоим братом; я безутешен и даже сейчас еще не могу свыкнуться с мыслью, что это непоправимо. Тебе известно, что я писал ему 20 июля и ждал ответа до 11 августа во Франкфурте и до 18-го в Эмсе, дав предварительно распоряжение о том, чтобы его письмо переправили мне туда. Не получив ответа до 18 августа, то есть в течение целого месяца, я подумал, что либо мое письмо до него не дошло, либо он уже выехал из Остенде. А потому я решил, побродив дня три-четыре по берегам Рейна, вернуться во Франкфурт и лишь по возвращении сюда нашел письмо твоего брата, очень милое и любезное, но крайне запоздалое и способное лишь усугубить мои сожаления. Черт бы побрал все помехи и недоразумения. Чтобы оставить за собой последнее слово в этом недоразумении, я был бы способен съездить отсюда в Остенде, если бы меня не удерживали от этого два соображения: недостаток времени и опасения за другой недостаток — еще более важный — недостаток денег… Брат мой порадовал меня сообщением, что он передал тебе 1500 рублей серебром. Тем не менее я нисколько не жалею, что послал тебе денег отсюда. По возвращении твоем в Петербург деньги будут не лишни. Что до меня, то я еще располагаю на обратный путь 150 дукатами. Быть может, я из предосторожности возьму у Ротшильда аванс в счет жалованья с тем, чтобы, если это окажется возможным, не тратить его.

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